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Forêts

Une forêt est un écosystème caractérisé par une couverture arborée dense et étendue. Elle comprend non seulement des arbres, mais également des arbustes, des vignes, des herbes, des mousses, des micro-organismes, des insectes et des animaux vertébrés qui interagissent tous entre eux et avec leur environnement. Ce modèle de vie complexe est un système en équilibre délicat. Les altérations naturelles ou causées par l’homme peuvent déclencher des changements profonds et parfois désastreux.

La lumière du soleil traverse une forêt mixte.

Principaux types de forêts

Il existe trois principaux types de forêts qui sont directement reliées aux zones climatiques : les forêts des régions équatoriales et tropicales, les forêts des zones tempérées et les forêts qui sont associées à des climats froids. La plupart des forêts du Canada reposent dans la ceinture boréale au climat froid, qui s’étend à travers l’Alaska, la Sibérie, la Finlande, la Suède et la Norvège. La forêt boréale est principalement composée de conifères. Au Canada, les forêts de la région tempérée s’étendent uniquement dans les régions au climat plus clément le long de la côte du Pacifique et dans le sud-ouest de l’Ontario. Le climat maritime frais et tempéré de la Colombie-Britannique soutient une forêt dominée de conifères. Dans le sud de l’Ontario, une forêt de feuillus s’est développée en raison des températures chaudes et humides des étés. Entre cette forêt de feuillus et la forêt boréale au climat froid au nord se trouve une forêt mixte où les conifères et les feuillus sont en nombre à peu près égal.

Les conifères indigènes du Canada (34 espèces) comprennent neuf espèces de pins, cinq espèces d’épinettes, quatre espèces de genévriers, trois espèces de pruches, trois espèces de mélèzes, quatre espèces de sapins, une espèce de cèdres, deux d’ifs, et une de cyprès. On les appelle également les résineux, les arbres à feuilles persistantes ou les arbres à aiguilles. Un conifère mature a généralement un tronc central droit et de courtes branches formant une couronne distincte et effilée. À l’exception des mélèzes, les conifères gardent leurs feuilles en forme d’aiguilles pendant deux ans ou plus; les aiguilles ne tombent pas toutes en même temps.

Le Canada compte un peu plus de cent espèces de feuillus indigènes, incluant dix espèces d’érables, dix espèces de chênes, six de bouleaux, cinq espèces de peupliers, cinq espèces de caryers, quatre espèces de frênes, trois espèces d’ormes et 32 autres genres. Les feuillus, également reconnus comme des arbres à bois dur, varient considérablement dans leurs formes, mais ils présentent souvent des couronnes larges et arrondies avec des branches aussi longues ou même plus longues que leurs troncs petits et effilés. À l’exception de l’arbousier, les feuillus canadiens perdent toutes leurs feuilles annuellement.

La lumière du soleil traverse les épinettes en hiver.

Historique des forêts

Les arbres font leur apparition avant l’évolution des graminées et l’ère des dinosaures. Selon les paléobotanistes, la vie végétale naît dans un environnement marin il y a plus de trois milliards d’années. Les plantes n’apparaissent sur la terre ferme qu’à la fin de la période silurienne et au début de la période dévonienne (il y a de 426 à 392 millions d’années). Mesurant moins d’un mètre de haut, ces premières plantes terrestres sont porteuses de spores liées à des environnements humides. Les premières forêts apparaissent entre il y a de 410 à 353 millions d’années au cours de la période dévonienne. Elles sont densément peuplées de lycopodes aux troncs élancés et aux branches retombantes. Les premiers fossiles de gymnospermes (c’est-à-dire les plus anciens groupes de phanérogames) datent de la fin du dévonien (il y a de 375 à 353 millions d’années). Les gymnospermes, dont les conifères modernes sont des exemples, produisent des graines qui ne sont pas enfermées dans un ovaire.

À la fin du dévonien, un vaste océan peu profond inonde des parties du continent nord-américain. Des rivières déversent des sédiments dans cette mer, formant de vastes marécages d’où sortent éventuellement les forêts monumentales de la période carbonifère (il y a de 353 à 300 millions d’années). C’est là que les ancêtres des petites actuelles, qui sont de la taille d’un arbre, poussent aux côtés des fougères, des fougères à graines et les lycopodes dominants. Certaines d’entre elles peuvent atteindre 30 m de hauteur. À la fin de la période carbonifère, ces forêts, qui sont du type des jungles, succombent à des changements climatiques majeurs. Elles sont ensevelies, compressées et sont éventuellement converties en charbon, qui alimente une grande partie de l’industrie moderne. Durant le carbonifère, les gymnospermes prédominent en haute altitude. Ces derniers, tout comme les conifères primitifs et les cycadales, qui ressemblent à des palmiers, augmentent par la suite, alors que les fougères et les prêles diminuent en nombre.

Au cours de la période du Trias (il y a de 250 à 205,7 millions d’années), certaines plantes développent l’habileté de produire des fleurs et de renfermer leurs graines dans les ovaires ou dans les fruits; c’est ce qu’on appelle des angiospermes (voir Phanérogames). De nombreux arbres à fleurs (par exemple le saule, le peuplier, l’érable, et le magnolia) et des plantes herbacées à fleurs font leur apparition, et vers la fin du crétacé (il y a 65 millions d’années), les angiospermes dominent le paysage floral. Différentes espèces d’insectes, d’oiseaux et de mammifères se développent en parallèle à ces plantes, puisant dans la forêt et contribuant à son maintien et à son expansion.

Il y a environ 55 millions d’années, une tendance au refroidissement à long terme s’amorce dans l’ère « moderne » du cénozoïque. À mesure que le froid s’intensifie, les forêts, qui prospèrent confortablement à l’intérieur du cercle arctique, sont repoussées vers le sud. Ensuite, il y a un peu moins de deux millions d’années, l’ensemble du Canada, à l’exception d’une infime partie, est lentement recouvert de quatre monstrueuses couches successives de glace, parfois de 3 km d’épaisseur. D’énormes langues glaciaires pénètrent également profondément dans le nord-est des États-Unis (voir Glaciation). L’avancée des calottes glaciaires décape les forêts, mais leur lente progression permet aux forêts de se retirer à chaque fois et de trouver refuge dans les environnements plus chauds du sud.

Après le retrait des dernières couches de glace (il y a environ 10 000 ans), la forêt commence à se reconstituer. Les premières espèces à progresser vers le nord sont les algues et les champignons, suivis de petites plantes comme la mousse, les lichens, et les prêles. Ceux-ci peuvent vivre sur les bordures froides et humides des terres récemment libérées par les glaces. Viennent ensuite les robustes gymnospermes : les épinettes, les sapins, les pins et les mélèzes. Finalement, les arbres à feuilles arrivent : les chênes, les frênes, les érables et d’autres espèces. Ces ceintures de végétation qui se déplacent lentement constituent la structure essentielle des forêts canadiennes actuelles.

Voir aussi Biogéographie.

Canot sur un lac dans une forêt.

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